L’image du meurtre a toujours évoqué un mélange de peur et de fascination inquiétante chez l’homme. Ce qui fascine le plus le phénomène, c’est probablement la rencontre avec la personnification du mal et vocation du meurtrier à ce mode de vie atroce. Cela justifie peut-être le fait que le monde contemporain connaît une croissance exponentielle de l’intérêt manifesté par les médias. On associe souvent le comportement des tueurs en série à celui de certaines espèces en particulier. Pourquoi dit-on que les tueurs en série se comportent comme des abeilles?
Ils commettent des crimes près de chez eux, mais assez loin pour empêcher les voisins de se méfier. De même, les abeilles collectent le pollen près de la ruche, mais suffisamment loin pour empêcher les prédateurs de le trouver.
Les scientifiques ont étudié le comportement des abeilles et appliqué des données, dans des algorithmes de suivi des tueurs en série. Les abeilles se nourrissent à une certaine distance des ruches. De même, selon une étude de l’Université de Londres, les tueurs en série évitent de tuer près de chez eux.
Que disent les scientifiques?
Un travail publié dans la revue “Journal Interface” de la Royal Society a rapporté que les “modèles géographiques” étudiés dans les abeilles, peuvent améliorer les modèles à la disposition des criminologues. Les scientifiques Nigel Raine, Steve Le Comber et Kim Rossmo ont suivi les chemins de quelques abeilles, des nids aux zones fleuries.
Les abeilles créent une “zone tampon” autour de la ruche, dans laquelle elles évitent de récolter de la nourriture, afin de réduire le risque que les prédateurs et les parasites localisent le nid. Ce comportement est très similaire à celui des criminels qui suivent leurs prochaines victimes. Le Dr Raine explique:
“De nombreux meurtres ont lieu près de la maison du tueur, mais pas dans les environs directs, car les criminels ont peur d’être pris sur le fait par quelqu’un qu’ils connaissent.”
En ce qui concerne les abeilles, il est important de connaître les endroits où la nourriture sera le plus susceptible d’être recherchée, car cela aide les biologistes à appliquer des mesures de conservation efficaces. Mais maintenant, ces données peuvent s’appliquer au comportement humain. Les criminologues utilisent ces modèles pour mieux comprendre comment traquer les criminels les plus dangereux.
En comparant la localisation des fleurs utilisées par les abeilles, les chercheurs ont pu localiser le nid, confirmant ainsi, au moins pour les abeilles, la validité de la technique du “profil géographique”.
Profil géographique et social
Les biologistes de la conservation sont conscients de l’importance de la protection des zones où les animaux vivent ou passent le plus clair de leur temps à se nourrir. La compréhension du profil géographique des animaux permet de prédire les endroits où des ressources alimentaires importantes sont présentes pour une espèce, ou une communauté, et d’établir des mesures de conservation éventuelles pour les protéger.
Cette approche est extrêmement plastique et adaptable à de nombreuses espèces animales, des insectes sociaux (abeilles, guêpes, fourmis…) aux vertébrés (oiseaux, mammifères, cétacés…). Cette intéressante recherche représente une découverte importante dans le scénario de l’eto-écologie animale.
En même temps, le travail de Nigel Raine et de ses collaborateurs, n’est qu’une des nombreuses études qui démontrent que la recherche scientifique est un outil moteur de connaissances indispensable à la vie de l’homme et à ses activités.