Au sens littéral, “ne pas être sorti de l’auberge” signifierait que l’on est bien attablé, et que l’on prend son temps pour finir un bon repas. Pourtant cette formule est uniquement utilisée dans le sens négatif, qualifiant une situation compliquée et difficile à résoudre. D’où vient l’expression – On n’est pas sorti de l’auberge?
Il existe deux interprétations possibles…
La première explique qu’en argot le mot “auberge” désigne ironiquement la prison. En effet, on y reçoit le gîte et le couvert même si l’on n’en sort pas quand bon nous semble.
Une autre interprétation trouverait son origine en Ardèche, dans une affaire criminelle du début du XIXe siècle: celle dite de l’Auberge rouge. Il s’agit de l’auberge de Peyrebeille, dont le couple propriétaire – Pierre et Marie Martin – fut accusé de sordides histoires de meurtres et viols.
L’histoire
Tout commence en 1831, quand un riche cultivateur est découvert mort sur les bords de l’Allier après avoir passé la soirée dans cette auberge. Le couple, qui se serait soudainement enrichi, est alors accusé et un mendiant dit avoir été témoin de l’assassinat. Un procès est ouvert, où défilent une centaine de témoins, qui relaient toutes sortes d’histoires sur le couple. Ils auraient vu ou entendu parler de repas préparés à base de restes humains, de mains flottant dans des marmites, de draps ensanglantés…
Ainsi le couple et leur domestique se trouvent suspectés d’une cinquantaine de meurtres non élucidés dans la région. Le seul assassinat du cultivateur leur vaut la peine de mort, et ils se retrouvent tous les trois guillotinés dans la cour de leur auberge, devant 3000 personnes venues assister à l’événement.
Cette affaire, qui tient autant du fait divers que de la légende, a inspiré de nombreux auteurs, comme Balzac. Mais elle a surtout laissé dans le temps une expression, dont on préfèrerait finalement ne pas connaître l’origine, tant elle fait froid dans le dos.
« Je ne savais déjà pas très bien sur quel pied je dansais,
dans cette affaire, mais si, par-dessus le marché,
tout le monde fuyait comme ça devant moi,
je n’étais pas sorti de l’auberge.»
Léo Malet, Les rats de Montsouris, 1955
Curiosités pour la fête d’Halloween:
Étymologie et Paranymes des mots macabres
Voici la suite de notre article, sur les mots et expressions liées à la mort, de circonstance en ce fin octobre. À votre avis, «cimetière» vient-il du nom terre? Après tout, les morts y sont bien «enterrés»… Peut-on «agoniser» quelqu’un d’injures?
Certains mots pouvant blesser, on est en droit de se poser la question. Enfin, que signifient les lettres «RIP», formule énigmatique qui fleurit sur les réseaux sociaux comme des chrysanthèmes?
Cimetière
On pourrait croire que “cimetière” et “terre” sont de la même famille. Mais il n’en est rien. Le nom cimetière vient du latin coemeterium, et lui-même du grec koimêtêrion, qui signifie “dortoir“. Par extension, “lieu où reposent les morts”. Quant au “cimeterre”, c’est un sabre oriental à lame large et courbe.
Guillotine
C’est bien Joseph Ignace Guillotin, médecin et homme politique français, qui donna son nom à ce mode d’exécution capitale. Pourtant, l’appareil a été mis au point par un autre médecin, Antoine Louis. C’est la raison pour laquelle la guillotine a d’abord été surnommée “Louison” ou “Louisette“.