Les ragots dans les journaux, les magazines, la télé, les réseaux sociaux… Qu’on le veuille ou non, on est tous des commères. Et les quelques personnes qui cherchent à ne pas s’impliquer dans le réseau de rumeurs qui les entoure (même entre amis, au travail, dans les relations familiales…) risquent banalement l’isolement. Mais pourquoi tout le monde aime les ragots?
Saviez-vous que les rumeurs sont l’une des plus anciennes institutions sociales des êtres humains? Les premiers hominidés, par exemple…
Ragots dans l’histoire
Les informations privées sur les autres personnes sont irrésistibles pour presque tous les êtres humains. Selon l’anthropologue Robin Dunbar, de l’Université d’Oxford, le commérage est un mécanisme qui sert à créer des liens sociaux comme le grooming, la caractéristique de se purger les uns les autres pratiquée par les primates et les premiers hominidés.
Nos ancêtres apprenaient également à distinguer les amis des ennemis, rendant le groupe de plus en plus sûr et compact. Quand la tribu s’agrandit, il ne fut plus concevable que tout le monde passe au crible. On commença donc à parler de ceux qui étaient trop loin du cercle plus intime: les méchants ne furent plus identifiés par observation directe, mais par les rumeurs qui parcouraient la communauté. Même le langage lui-même, toujours selon Dunbar, serait né pour donner voix aux bavardages.
Dans les tribus de nos ancêtres, les ragots étaient indirectement liés à l’intelligence sociale. Les personnes qui montraient plus de curiosité pour la vie des autres avaient également plus de capacité à influencer les comportements du groupe.
La sélection naturelle a évidemment favorisé les individus les plus intrigants, si encore aujourd’hui il est difficile de trouver quelqu’un qui ne ressent pas un minimum d’intérêt pour une histoire épicée ou pour la déclaration d’impôts d’une connaissance.
Les ragots en psychologie
Les psychologues et les spécialistes du comportement soutiennent que, dans les commérages, pèse beaucoup le renversement partiel ou total des rôles et la restauration temporaire de l’équilibre des pouvoirs. Ceux qui se sentent désavantagés par le sort, en somme, pour une fois, peuvent blesser ceux qui ont le plus de chance ou peuvent jeter un coup d’œil à leur honte secrète. Celui qui est laid compatira à celui qui est beau mais stupide, celui qui est pauvre jouira des ennuis judiciaires ou financiers du riche et ainsi de suite, rétablissant une équité temporaire dans les choses du monde et sentant tout cela comme un “acte de justice“.
Si à d’autres époques les cibles étaient les puissants, aujourd’hui elles sont l’objet de ragots même les stars du spectacle et les personnages publics. Cela, parce que d’une certaine manière, l’intense familiarité avec ces sujets véhiculée par les médias, les rend comparables aux “puissants”. Et en fait, les tabloïds ne sont pas trop subtils en diffusant des vices et des relations clandestines des managers et des politiciens (les “Scoop!“).
Petite curiosité
Le plus célèbre ragot de l’histoire des États-Unis: John Kennedy a eu une relation avec Marilyn Monroe.
La version sensuelle de “Happy Birthday” que l’actrice dédia au président en mai 1962, au Madison Square Garden pour ses 45 ans, laissait peu de doutes à l’imagination. Pourtant, malgré les rumeurs persistantes sur leur relation, les deux ont soigneusement évité de se montrer ensemble. Ce n’est qu’à une époque plus récente, que plusieurs sources journalistiques ont confirmé le liason et ont publié de rares photos de John et Bob Kennedy avec l’actrice (non compromettantes, mais cachées).