Nous parlons à nouveau de prisons. Un sujet délicat qui, cependant, touche l’humanité de nombreuses personnes. Il existe des prisons très sévères et dictatoriales, qui basent leur “éducation” sur la violence et les mauvais traitements. Ensuite, ce sont les prisons “les plus humaines”, où les détenus suivent un programme conçu pour la réhabilitation. Mais pourquoi les “prisons humaines” sont-elles plus efficaces?
Il n’est pas courant de trouver des prisons qui offrent des activités aussi stimulantes, et potentiellement rééducatives. Mais sprès avoir visité une prison en Norvège, célèbre pour traiter les prisonniers humainement, la directrice de certaines prisons du Dakota du Nord a décidé de réformer son système, sur la base du modèle norvégien.
Entre autres choses, les détenus sont emmenés sur le terrain pour des cours d’histoire et pour faire du bénévolat pour les sans-abri. Les prisons ont connu une forte baisse de la violence et des menaces contre le personnel.
Il y a des classes avec des aquariums, des concours de poésie et des cours d’histoire, avec des excursions sur le terrain. Mais aussi du bénévolat à la soupe populaire et des séances de dressage pour les chiens de service. Il semble que nous parlions d’un lycée fantaisiste, mais en réalité, il s’agit d’une description des prisons du Dakota du Nord.
Expériences fonctionnelles dans la “prison humaine”
Par exemple, aux États-Unis, le système se concentre sur la sévérité, la discipline dure et la punition. Il existe des politiques qui précisent l’obligation d’une période minimale de détention pour certains crimes, indépendamment de la situation individuelle, mais aussi des pratiques telles que l’isolement. Le problème est que ce système, ne donne pas de résultats prometteurs.
Certains législateurs et officiels du Dakota du Nord ont adopté une approche différente après un voyage en Norvège. Le voyage avait pour but d’expliquer aux responsables des prisons américaines, les méthodes adoptées dans certaines “brillantes” prisons européennes.
En Norvège, on a tendance à ne pas recourir à des mesures telles que la réclusion à perpétuité et l’isolement. On se concentre plutôt sur la dimension humaine, le conseil psychologique et la réinsertion dans la société. On se moque des centres correctionnels parce qu’ils ressemblent plus à des country clubs, qu’à des prisons.
Mais les résultats ridiculisent tous les détracteurs potentiels: les récidives en Norvège sont de 20%, alors qu’aux États-Unis, elles sont supérieures à 76%.
Des structures comme la Halden Prison, considérée comme “la prison la plus humaine du monde”, contribuent au faible taux de détention: en Norvège, il y a 63 détenus sur 100000 personnes, contre environ 100 en France et 655 aux États-Unis.
Le nouveau concept de réhabilitation
Leann Bertsch, directrice du North Dakota Department of Corrections and Rehabilitation, faisait partie de ceux qui ont participé au voyage en Norvège.
À son retour, son département a commencé à appliquer, dans les prisons du Dakota du Nord, des systèmes inspirés des systèmes européens. Par exemple, la sécurité dynamique a été mise en place, une philosophie basée sur l’idée que permettre aux gens de faire des choix et leur donner la possibilité de faire mieux, conduira à des prisons plus sûres.
«Parce qu’une personne traitée avec humanité est moins violente
qu’une personne traitée de manière inhumaine»
– Leann Bertsch –
Bertsch a réduit la ségrégation entre les populations carcérales, en réformant totalement les politiques d’isolement. En effet, les prisonniers qui sont en isolement pendant de longues périodes souffrent de dommages psychologiques qui rendent plus difficile une réinsertion ultérieure avec leurs camarades de prison et, enfin, avec la société en général.
Dans certaines prisons de sécurité minimale du Dakota du Nord, les résultats des nouvelles politiques laissent bien espérer. Les détenus sont appelés “résidents“, et participent à différents programmes. On organise des tournois de softball, auxquels participent le personnel et les détenus-résidents. Les isolements ont été réduits et le dialogue a été renforcé.
Cela a conduit à une nette amélioration des relations entre le personnel et les détenus, et à une réduction décisive de la violence.